SCOP Optimisation de la Performance et du Bien-être
 

Défis et Enjeux pour les parents de jeunes sportifs de Haut-Niveau

Noémie Lienhart, Maitresse de conférence à l’Université de Grenoble Alpes, a travaillé sur ce sujet dans le cadre de sa thèse de Doctorat et dans ses travaux de recherche en sciences du sport. Je vous propose une synthèse de mes lectures sur ces travaux et ma vision de ce sujet si important pour les jeunes athlètes en démarche d’accession au Haut Niveau.

Contexte et problématique

L’article « Être parent de jeunes sportifs de haut niveau : un véritable défi » rappelle la place et le rôle des parents dans le développement des adolescents engagés dans une pratique sportive intensive en vue du haut niveau. Ces jeunes font face à de nombreuses contraintes (physiques, psychologiques, sociales) et leur environnement familial – et en particulier les parents – constitue une « ressource » majeure, mais aussi un facteur de risque potentiel.

Rôles des parents

Trois grands rôles parentaux sont identifiés :

  • Modèle : les comportements des parents (par exemple leur propre activité physique) influencent la pratique de l’enfant.
  • Interprétateur d’expériences : les parents aident l’enfant à donner du sens à sa pratique (valeurs sportives, sentiment de compétence) ;
  • Créateur d’expériences : ils façonnent l’environnement de pratique (transport, soutien logistique, l’accès aux compétitions ou événements) ;

En fonction de l’âge de l’enfant et de la phase de sa carrière, le soutien logistique, financier et émotionnel parental évolue (initiation, spécialisation, investissement).

Influence des parents sur le développement du sportif

Comportements « inadaptés »

Des comportements tels que la pression excessive (attentes irréalistes), le contrôle dirigiste ou l’absence de soutien à l’autonomie sont associés à des effets négatifs, notamment un faible sentiment de compétence, une motivation contrôlée, voire un retrait de la pratique. Ces effets négatifs s’expliquent notamment en référence à la théorie de l’autodétermination d’un athlète qui pour se sentir bien et performer à besoins d’autonomie, de se sentir compétent, et se sentir affilier à son groupe de pairs. Le non respect de ces besoins fondamentaux est source de nombreuses frustrations.

Comportements « adaptés »

À l’inverse, le soutien parental perçu comme empathique, encourageant, laissant de l’espace à l’autonomie, est lié à des effets positifs : meilleure motivation autonome, davantage de plaisir dans la pratique, sentiment de compétence plus élevé. Les adolescents perçoivent souvent moins de comportements encourageants que ce que les parents pensent prodiguer. Une divergence de perception peut apparaître d’après la littérature scientifique.

Pourquoi certains comportements ne sont-ils pas adaptés ?

Plusieurs facteurs peuvent conduire à des comportements non optimaux :

  • Les objectifs personnels des parents (souvent élevés) et leurs propres expériences antérieures.
  • Le stress parental lié à l’organisation (finances, temps, logistique), au développement de l’enfant (études / sport), aux compétitions (résultats, émotions) et aux aspects personnels (distance, soutien).
  • Le manque de connaissances ou de ressources pour accompagner adéquatement l’enfant.

Recommandations pour mieux accompagner les parents

Voici cinq pistes d’action pour les structures sportives et les entraineurs/managers :

  1. Intégrer les parents au projet global du sportif, dès le début et tout au long de la carrière.
  2. Accompagner les parents via ateliers, ressources en ligne, guides, pour les aider à comprendre leur rôle, réfléchir à leurs comportements et stratégies.
  3. Permettre des échanges entre parents (pairs) pour partager expériences, inquiétudes, bonnes pratiques.
  4. Favoriser le dialogue parent-enfant pour réduire les divergences de perception et renforcer la co-construction du projet.
  5. Se former afin de pouvoir interagir efficacement avec les parents, assurer une communication cohérente et un environnement favorable.

Ma vision du sujet en tant qu’accompagnant préparateur mental de jeunes athlètes :

En préparation mentale, ce contexte incite à travailler non seulement avec l’athlète, mais aussi dans la dynamique familiale, quand celle-ci influence la performance ou la régulation émotionnelle. Les entretiens lors de l’accompagnement en psychologie du sport permettent à un jeune athlète d’identifier les effets des comportements parentaux sur elle ou lui (motivation, stress, plaisir, confiance), puis à développer des stratégies de régulation (reformulation, distanciation, communication assertive, etc.).

Tennis Parents

Le préparateur mental aide au renforcement des besoins psychologiques (autonomie, compétence, appartenance sociale, selon Deci & Ryan), surtout quand la présence parentale menace l’un d’eux. Par exemple :

  • Soutenir la gestion émotionnelle avant ou après les interactions avec les parents.
  • Créer un espace d’expression libre pour le jeune (sans jugement parental).
  • Encourager les objectifs autodéterminés (ex. : progresser techniquement plutôt que « gagner pour faire plaisir à papa ou maman »).

Les parents ont un rôle clé dans le développement de leurs enfants sportifs : leur soutien peut favoriser et aussi freiner ce développement selon la qualité de leur implication. L’accompagnement des parents par les structures sportives apparaît comme une voie pertinente pour optimiser l’expérience sportive des jeunes. Chaque parent est unique, avec des connaissances, une culture, des objectifs et des capacités émotionnelles différentes. Il ne s’agit donc pas d’un modèle unique, mais d’un accompagnement adapté à chaque situation.

Il est pertinent dans mon rôle de coach mental d’adopter une approche bienveillante envers les parents, en les aidant à comprendre leurs propres émotions et à les réguler, sans jugement et avec pédagogie.

Pour aller plus loin : dossier « Conseils aux compétiteurs » élaboré par la Fédération Française de Tennis et Fascicule à destination des parents