Déclaration de consensus réalisée par sept chercheurs expert.
Cet article synthétise les connaissances de 50 années de recherche sur trois thèmes clés de la psychologie de la blessure du sportif. Ces thèmes sont : le risque de blessure, la réadaptation et le retour au sport. Cet article propose des recommandations aux praticiens.
Tous les staff peuvent être investis dans l’amélioration de la santé et du bien-être des athlètes. La blessure du sportif représente une menace existentielle pour cette santé et ce bien-être. Les facteurs psychologiques doivent être pris en compte au même titre que les facteurs physiques, physiologiques ou biomécaniques. Les considérations psychologiques sont des facteurs importants de la blessure d’un athlète avant et après la survenue de la blessure.
A retenir – Points clés **
- Les variables psychosociales* influencent le risque de blessure chez les athlètes.
- L’évolution de la réponse au stress prédisent l’incidence des blessures dans le sport.
- Les facteurs psychophysiologiques et socioculturels influencent le risque de blessure de surentrainement.
- Les programmes de prévention des blessures basés sur des combinaisons d’exercices neurophysiologiques et neuropsychologiques sont justifiés et pertinents.
(** Urban Johnson, Andreas Ivarsson, Psychosocial factors and sport injuries: prediction, prevention and future research directions, Current Opinion in Psychology, Volume 16, 2017, Pages 89-92, ISSN 2352-250X)
IDENTIFICATION DES FACTEURS DE RISQUES DE BLESSURES AIGUËS
Réponse au stress
Le facteur direct n°1 sur le risque de blessure sportive aiguë est la réponse au stress d’un athlète à un événement stressant :
- Diminution de l’attention : perte de sensibilité aux indices périphériques et augmentation de la distractibilité ; diminution de la vitesse de traitement) et,
- Changements physiologiques :
- augmentation du rythme cardiaque,
- fatigue musculaire
- réduction du contrôle neuromusculaire.
- En conséquence, une forte réaction au stress diminue probablement les capacités de prise de décision des athlètes. Cela les rend vulnérables aux erreurs, aux collisions, et à un contrôle moteur compromis.
- Certains traits de personnalité : l’anxiété et les états d’humeur négatifs amplifient les réponses néfastes au stress. De même, des traits plus adaptatifs, tel que l’optimisme, peuvent réduire les réactions au stress et donc le risque de blessure.
Antécédents de facteurs de stress
- L’histoire de vie ou Antécédents de facteurs de stress (comme un stress lié à un événement négatif dans la vie, un traumatisme et les tracas quotidiens). L’un des mécanismes potentiels du lien entre les antécédents de facteurs de stress et le risque de blessure est l’augmentation de l’ampleur des réponses au stress.
- La quantité de sommeil : la diminution du volume de sommeil sont associées à un risque accru de blessure.
- La détresse psychologique signalée dans les sept jours précédant la blessure augmente le risque de blessure (Any compliant). Van der Does et al. ont constaté que dans les six semaines précédant la blessure, les athlètes avaient connu une diminution de leur récupération sociale et de leur bien-être général.

- En outre, plusieurs autres facteurs de bien-être général ont été associés au risque de blessure du sportif, notamment :
- les symptômes de dépression,
- l’épuisement émotionnel,
- la fatigue
- la baisse de la condition physique, c’est-à-dire le stress physique.
- Ces facteurs de risque identifiés peuvent jouer un rôle de médiateur. Ils influencent l’impact des facteurs de stress sur le risque de blessure.
PREVENTION ET PRECONISATIONS
Des ressources d’adaptation adéquates et des stratégies sont proposées pour diminuer l’ampleur de la réponse au stress et sont suggérées pour influencer indirectement le risque de blessure :
- adaptation adéquate : Soutien social
- stratégies favorables : axées sur les solutions aux problèmes ou axées sur les émotions
Cultiver des relations solides entre les athlètes et les personnes concernées (entraîneurs, professionnels de la médecine sportive, coéquipiers, parents) facilite l’adaptation de l’athlète et réduire ses réponses au stress.
- Risque de blessure :
- Etablir des relations solides avec vos athlètes et vos partenaires, favorisant autonomie et autodétermination.
- Examiner fréquemment le stress psychosocial et la perception de la récupération chez les athlètes et
- Eduquer les parties prenantes sur les facteurs de risque de blessure au sein de l’organisation (hygiène de vie, sommeil, nutrition, soins…)
- Réhabilitation,
- Incorporer des éléments de pratiques fondées sur la pleine conscience et l’acceptation,
- Incorporer des programmes cognitivo-comportementaux (imagerie, pnl & hypnose, journal des émotions …) puisqu’ils améliorent l’adaptation et fournissent le temps et l’espace nécessaires pour apporter autant de soutien social que possible.
- Retour au sport,
- Utiliser des stratégies qui facilitent le sentiment de compétence, d’autonomie et d’appartenance des athlètes,
- Utiliser des lignes de communication claires entre les athlètes, les entraîneurs et le personnel médical.
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Article collectif publié en juin 2024 – consultable à ce lien (EN) – https://rdcu.be/dX3Um
Tranaeus, U., Gledhill, A., Johnson, U. et al. 50 Years of Research on the Psychology of Sport Injury: A Consensus Statement. Sports Med 54, 1733–1748 (2024). https://doi.org/10.1007/s40279-024-02045-w