Imagerie motrice – au service des apprentissages

L’imagerie motrice consiste en la représentation mentale du mouvement le plus précisément possible dans la tête. L’imagerie est très complémentaire de l’entrainement technique et de la répétition des mouvements.

C’est un travail qui doit être rigoureux dans sa planification en fonction : des cycles d’entraînements et des objectifs d’apprentissages que l’on se fixe avec le sportif. Il est important de poser les règles du jeu au départ avec le sportif et de s’y tenir pour y trouver des effets dans l’apprentissage moteur.

(Hanakawa et al. 2008)

L’étude du chercheur Hanakawa, a montré que de nombreuses zones du cerveau sont activées de manière identique entre l’imagination d’un mouvement et son exécution physique. Imaginer peut avoir des effets proches de l’exécution, sans la fatigue physique ni le risque de blessure.

Sur la première rangée de l’infographie ci dessus, les zones en vert indiquent les aires cérébrales activées par l’imagerie motrice.

Sur la seconde rangée, les zones en bleu foncé indiquent les aires cérébrales activées par le mouvement réel.

Dans la zone du bas, les images ont été superposées. Toutes les zones en bleu, sont les zones communes ! (celles activées par la pratique mentale et par la pratique physique). Elles sont nombreuses.

Depuis, une multitude d’études scientifiques ont démontré l’efficacité de la visualisation grâce à la plasticité cérébrale : on peux ainsi construire un « cerveau expert » avec la répétition des représentations mentales (références en bas de page)

On peut retenir que les apports du travail par imagerie motrice sont multiples :

  • Apprentissage et Développement de la technique gestuelle
  • Effets sur la force et la souplesse
  • Impact positif sur la vitesse d’exécution
  • Variabilité et qualité du mouvement

En synthèse des lectures des différentes études sur l’entraînement en Imagerie motrice, je propose deux types de séances : une séance spécifique et une séance intégrée à l’entrainement

Séance spécifique

Une étude australienne ( sur le lancer franc en basketball – habileté fermée) à montrer que 3 à 4 séances de 13 minutes par semaine avec une dizaine d’essai était le meilleur compromis. Ainsi, la séance spécifique ne doit pas être trop longue pour permettre au sportif de rester lucide et concentré. La séance ne doit pas contenir trop d’essai à la suite pour ne pas perdre en concentration et dégrader trop l’imagerie.

4 séances par semaine de 15’ maximum – avec 10 essais successifs maximum – modulable selon la complexité du geste

Ne pas être approximatif – avoir de vrais repères – partir d’une situation réelle et connue : amorçage de l’apprentissage

On recherche une représentation sur l’ensemble des canaux sensoriels (multi modal) : tous les sens sont utilisés.

On croise toutes les modalités sensorielles : Visuelle, Auditive, Kinesthésique.

// Avec le canal visuel : En visualisation associée et en visualisation dissociée

// Avec le canal auditif : associé des sons au mouvement – inventer « une musique » ,un enchaînement de mélodie pour le rythme du geste. On peux également verbaliser en même temps l’action imaginée.

Par exemple en Aviron, on peux enregistrer le bruit du coup d’aviron (Tombée de la palette dans l’eau, bouillon de la propulsion, roulement de la coulisse).

// Avec le canal kinesthésique : on mime le geste en bougeant le corps pendant l’imagerie : imagerie dynamique en mouvement
On regarde la vidéo, on fait, on imagine, on fait, on filme et on re observe et on refait …

Séance intégrée

Pendant l’entraînement : Identifier l’atelier sur lequel on veut travailler puis placer 1 ou 2 représentations du geste en imagerie juste avant ou juste après l’exécution motrice réelle

Environ 1 ou 2 minutes max – Travail sur technique gestuelle très qualitatif – Pas de problème de durée du coup

En aviron, comme en natation ou en canoë-kayak par exemple : la gestuelle et la technique sont des points forts.
Difficulté : mouvement continu, temps trop long, donc il faut séquencer – découper les geste ou faire une séquence de 3 à 5 coups par exemple
Au début pour le débutant observation d’une référence externe de performance : sportif modèle en vidéo puis imagerie motrice
Puis ensuite on passera à soi comme support d’imagerie – interne et externe (vidéo)

Vigilance

– Critère de la vitesse : Vitesse de l’imagerie motrice – être a la bonne vitesse comme dans la réalité (Ne pas ralentir – ni n’accélérer)
Étude sur le judo l’a démontré Ralenti l’exécution réelle si imaginé au ralenti
Se chronométrer pour connaître le temps de la séquence et respecter le temps réel en imagerie

– Travail la qualité « d’imageur » : Régulièrement hors du cadre du sport – Éducation à la représentation mentale comme habileté mentale majeure

Références

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